Matheo de Bruvisso est un artiste pluri-disciplinaire français qui exerce essentiellement en tant que peintre, poète et musicien. Il s’implique aussi occasionnellement dans d’autres domaines artistiques et créatifs comme le design, le graphisme, la photographie, ou la vidéo.
D’abord peintre, dés son enfance dans les années 80, Matheo explore autant de sujets que de techniques. Crayon, fusain, collage, acrylique, huile, aérosol, aquarelle, encre, craie, feutre… chaque médium offre de nouvelles possibilités, chaque surface est un nouveau terrain de jeu. Il passe de la BD au graffiti, du dessin académique à l’expressionnisme, de la figuration à l’abstraction avec une inextinguible soif d’apprendre et d’expérimenter. Cette passion le conduit logiquement à poursuivre des études en Arts Appliqués et Design (Olivier de Serres, École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art, puis Strate Collège Designers), où il perfectionne sa technique et découvre des méthodes
créatives.
À partir de 2004, il exerce pendant quelques années en tant que designer Freelance (pour Swarovski, Kenzo, Fnac, Eurocopter, PPR, Peurgeot, etc.). Cette expérience le pousse à s’éloigner des contraintes imposées par la production industrielle et commerciale pour concentrer toutes ses forces vers la création purement artistique.
Alors connu sous son nom de graffiti, Maze, sa première exposition personnelle se tient à Amiens en 2005 à la Briqueterie, après un mois de résidence en compagnie du photographe Mickael Troivaux. Puis en 2007, la galerie l’Issue l’invite lors de l’exposition internationnale UNTITLED (documents of street culture) à peindre avec KOA (FR), Alëxone (FR), Rutger Termohlen (NL), Collin Van Der Sluijs (NL), Jordae (USA), etc. Il y réalise quelques mois plus tard une performence de peinture live lors de laquelle il invite le duo Tha Trickaz à jouer l’un de ses tout premiers shows parisiens. En 2008, la galerie l’Issue l’accueille pour une exposition personnelle qui sera l’occasion d’exposer une centaine de petits formats agencés selon une forme de labyrinthe. D’autres expositions s’enchainent, notamment à Paris, Lyon (galerie Terremer), à Genève (Cité du Temps).
En parallèle, il co-fonde le groupe de musique Dirtyphonics qui atteint rapidement une renommée mondiale. Pendant quelques années, il compose une musique très énergique (qui cumule plus d’une centaine de millions de vues sur Youtube), collabore avec des artistes comme Skrillex, Marilyn Manson, The Bloody Beetroots, Steve Aoki, Benny Benassi ou Linkin Park et joue pour des foules immenses dans les plus grands festivals du monde (Coachella, EDC, Glastonbury, Pirate Station, Tomorrowworld, etc.).
En 2017, désireux de se rapprocher de la nature, Matheo co-fonde le Domaine de Duby, un vaste lieu événementiel dans le parc Naturel du Pilat, qui lui permet de disposer d’un grand atelier et de s’attaquer à de plus grands formats, tout en travaillant sur plusieurs toiles en même temps. Il continue également la création musicale en solo, publie IN VIVARIUM, son premier recueil de poésie, organise des rencontres créatives avec d’autres artistes, se professionnalise en photographie… rien ne semble pouvoir arrêter cette intense soif de création artistique qui l’anime.
Quelque soit le domaine dans lequel il exerce, Matheo s’abreuve aux mêmes sources d’inspirations. Il s’intéresse notamment à la philosophie (Spinoza et Nietzsche en particulier) ou à la psychologie. On retrouve d’ailleurs des éléments communs à sa poésie, sa peinture et sa musique : une immense énergie, des contrastes forts, des oppositions puissantes mais surtout la prédominance d’une incommensurable pulsion de vie.
Démarche
Ce sont d’abord ses forces intérieures, ses propres paradoxes, ses ressentis les plus intimes et ses émotions les plus profondes qui inspirent Matheo. Il plonge au coeur de son énergie vitale pour y puiser la matière de ses toiles. En cherchant le plus court chemin entre sa volonté de peindre et l’oeuvre réalisée, il tente de capturer l’origine même du désir, la force qui incite tout passage à l’acte aussi bien créateur que destructeur. C’est ainsi que l’oeuvre rassemble en une seule entité son origine et sa finalité, elle représente sa propre raison d’exister, elle se fait témoin de sa propre naissance, elle est à la fois cause et conséquence.
On voit généralement surgir de cette peinture protéiforme aussi bien la puissance du désastre incessant que l’inépuisable énergie de la renaissance, ce que Matheo aime à reconnaître comme une dualité opposant les forces du chaos à celles du cosmos. C’est uniquement dans une confrontation permanente entre ces deux pôles (cosmos/chaos), que l’expérience de la vie devient possible.
Si l’a priori ressenti à l’égard du terme « chaos » est pour beaucoup d’ordre négatif ou désagréable, Matheo y reconnait une nécessité permettant la remise en question de l’ordre qu’il juge tout aussi mortifère dans ses excès. Car si les forces du chaos sont celles de la destruction, de la dissolution ou de l’éclatement, elles n’en sont pas pour autant moins nécessaires à la vie que celles du cosmos, qui ordonnent, organisent, et assemblent. La mort au contraire, ou l’absence de vie, n’adviendrait que dans l’absoluité de l’une de ces deux polarités, quand tout serait figé dans une perfection totale et inaltérable.
Déterminé à montrer cette interprétation du vivant dans ses toiles, Matheo se fait le compositeur d’un espace en mouvement, où la partition retranscrit toujours une pluralité de forces qui s’animent, se confrontent, s’entremêlent. Il dévoile ce que le monde a d’invisible et pourtant si présent, qu’on pourrait résumer par « son désir d’être ». Comme si l’existence entière, aussi bien dans l’intimité de l’humain que dans la totalité universelle, était animée d’une même pulsion de vie. Cette vision qu’il estime plus proche de l’animisme que du déisme, se rapproche du panpsychisme, c’est à dire de l’idée d’un univers possiblement doué d’une conscience propre.
En exprimant ces oppositions incessantes qui sont les conditions même de la vie, Matheo nous invite à plonger en notre for intérieur pour y découvrir ce puissant potentiel, notre formidable possibilité d’une vie riche et intense, dés lors que nous acceptons de reconnaître et de laisser oeuvrer plus librement en nous les forces cosmiques et chaotiques.
Dans l’époque aux allures parfois apocalyptiques que nous traversons, Matheo nous propose donc une manière d’être, un mode d’existence, une façon accueillir le changement, le mouvement et parfois même la catastrophe avec une certaine sérénité, en prenant conscience que nos peurs sont souvent tournées vers des forces qui sont pourtant au service du vivant. Il rejoint ainsi la philosophie nietzschéenne et particulièrement le concept d’Amor Fati, l’amour de tout ce qui advient.